Dans la pénombre d’une ruelle, se situant dans les bas-fonds du niveau -4 de l’arche de vie d’Avignon, un homme encapuchonné marchait en direction de sa destiné. Ses habits étaient simples, sans fioriture. Juste une toge emmitouflée sous cette cape qui le protégeait du froid émanant de ce lieu sordide. Il donnait quelques vivres aux personnes qui s’échouaient comme des épaves dans les rues, laissées à l’abandon. Le jeune prêtre essayait tant bien que mal de leurs offrir un geste, quelques paroles, du réconfort pour apaiser leurs cœurs meurtris.
Passant de ruelle en ruelle, laissant à jamais une trace de son passage, il amenait de lui la sainte parole de Dieu et de son amour pour ses ouailles. Son regard s’arrêta sur un jeune garçon, affalé sur un mur, les bras pendants, signe d’un désespoir profond. Il s’approcha de lui, à petit pas feutrés, et s’agenouilla. L’enfant ne fit aucun geste, aucun signe de vie, juste une faible respiration ce qui inquiéta fortement le jeune Pater Alexius.
Il toucha le bras du garçon, en le secouant légèrement, mais ne vît aucune réponse. Il prit une bouteille d’eau, commença à humecter ses lèvres, puis l’aida à boire lentement. Après maints efforts, il s’aperçut qu’il n’y avait plus d’espoirs, le cœur qui battait faiblement dans la petite poitrine de cet enfant décida de mettre un terme. Les larmes apparaissant sur les yeux fatigués du prêtre, commencèrent à couler pour finir s’écraser sur ce sol sans vie. Le saint homme ferma les yeux de ce garçonnet, en passant la main sur son visage et pria pour son salut :
« Seigneur, je vous en prie accepte cette âme,
Au sein de votre royaume de lumière.
Offrez-lui repos, et l’amour d’un père !
Offrez-lui la rédemption par mes larmes ! »
« Chaque larme que je verserai pour lui,
Sera un péché de moins à pardonner.
Que son âme à ce jour, repose en paix
Pour son vécu et ses malheurs fortuits ! »
Le prêtre continua sa prière dans un silence pesant, fermant les yeux et laissant ses sanglots coulés. Sous cette ambiance morbide et glaciale, l’enfant ouvrit lentement ses yeux pour laisser place à deux rubis incandescents. Un sourire cruel se dessina de plus en plus sur ses lèvres, formant un sourire indescriptible.
Soudain, l’enfant se jeta sur lui comme un damné sous un rire démoniaque et mordit avec virulence dans la chair de sa victime pour arracher avec violence sa carotide qui pulsait au rythme de son coeur. Le jeune prêtre, hurlant au ciel et à son seigneur, ouvrit avec frayeur ses yeux afin de regarder pour la dernière fois les abimes et l’enfer qui se tenaient devant lui.
Ce petit bout d’homme, se léchant les lèvres avec un sourire machiavélique, s’approcha de cet homme qui avait versé tant de larme pour sa rédemption, et s’agenouilla sur son poitrail pour lui susurrer à son oreille « Merci… Mon père, pour ce délicieux repas… Mais je crois bien que ton dieu impi ne viendra pas à ton aide… ».
D’un rire plein de folie et d’animosité à un silence effrayant, le cadavre du prêtre qui fit tant d’effort pour ces gens, restera à jamais dans cette ruelle comme un oublié jusqu’à ce que les charognards ne laisseront plus une trace de son existence…